Proconseil Sàrl


Estivage

© J-F. Dupertuis


Résultats d'essais

 Lutte contre le chardon des champs (2020-23)

Voici les résultats des tests de lutte contre le chardon des champs, en conditions de terrain, sur des pâtures d’estivage. Il s'agit d'essais de lutte chimique avec 4 différents produits et de lutte mécanique en tenant compte de la lune, dont l'analyse est mise en relation avec les préconisations usuelles.

Délaissés par le bétail et concurrent des cultures et fourrages, la présence de chardon des champs est redoutée dans les parcelles. Espèce invasive et vivace dont il est difficile de se débarrasser, il se propage par la dissémination de ses graines et par le développement de ses rhizomes souterrains. Il est donc très important de ne pas le laisser fleurir. De plus, l’attention est de mise dans le choix des outils de lutte mécanique contre cette adventice, afin de ne pas couper la racine en plusieurs morceaux viables et ainsi favoriser sa colonisation.

Les parcelles des tests réalisés sont situées sur 4 sites d’expérimentation ces trois dernières années.

Les essais de lutte chimique et de lutte mécanique ont pour objectifs de:

  • Comparer l’efficacité des matières actives actuellement préconisées,
  • Vérifier dans la durée si des résistances aux matières actives s’opèrent,
  • Vérifier l’effet de la lune sur les méthodes de lutte mécanique,
  • Comparer les méthodes de lutte chimique et mécanique.

 Des précisions sur les itinéraires techniques conduits figurent dans le rapport d'essais détaillé.

 

Résultats sur les modalités de lutte testées à l’estivage et constats

Le traitement est réalisé, dans la mesure du possible, lorsqu'une majorité des chardons sont en boutons, avec 30 cm de tige. Il y a entre une et 2 répétitions du processus par année, pour les traitements mécaniques. De plus, toutes les parcelles étudiées sont pâturées. Les parcelles dites «témoin» ne sont pas sujettes à une méthode de lutte.

Lors des observations, on procède à un comptage de chardons avant et après le traitement. La différence entre ces 2 relevés correspond à l'efficacité d'une modalité, comme présenté dans le tableau ci-dessous.

  • Les efficacités des années 2020 à 2022 correspondent à la comparaison du nombre de chardons entre le début et la fin d'une même année.
  • Pour l'efficacité des 3 ans d'expérimentation, il s'agit comptage entre le début de l'essai en 2020 et sa fin en 2023.

Tableau 1: Efficacité des traitements [%] pour la gestion du chardon entre 2020 et 2023

 

Conclusions, tendances et recommandations dans la lutte contre le chardon

Toutes les méthodes de lutte testées ont un impact positif dans la lutte contre le chardon des champs sur les alpages.

L’application de produits phytosanitaires en plante par plante (ici à la boille à dos) reste la méthode la plus efficace pour lutter contre le chardon des champs. Le stade idéal de traitement (plante à 30 cm, boutons fermés) ne coïncide pas toujours avec de bonnes conditions météo. La lutte contre le chardon des champs doit se faire sur un minimum de 3 ans, avec plusieurs répétitions par année. Dans cet essai, les procédés chimiques n’ont été réalisés qu’une seule fois mais il serait judicieux d’envisager 2 traitements annuels, pour les produits dont la règlementation autorise plus d’une application (bien se renseigner au préalable). Le chardon se développe durant toute la période de végétation, ce qui signifie qu’après le premier traitement, de nouveaux chardons peuvent encore démarrer.

Tableau 2: Recommandations pour la lutte contre le chardon des champs à l’alpage

Remarques annexes:

  • Avant de revenir pâturer avec le bétail sur la parcelle traitée, il faut respecter le délai d’attente indiqué sur l’emballage du produit de traitement.
  • La matière active Triclopyr (Picobello et Tribel Plus) est interdit en zone S2. Il est aussi à noter que le Tribel Plus, retiré des ventes en 2021, ne peut plus être utilisé à partir du 31 octobre 2023.

Dans le cas d’une lutte mécanique, deux passages tendent à augmenter l’efficacité du traitement. L’arrachage est un moyen de lutte efficace pour enlever les grands chardons, mais plus chronophage qu’une fauche. Dans notre essai, certaines placettes ont été fauchées à la cisaille, ce qui a permis d’atteindre plus de chardons qu’une faux.

Si la présence de chardons est trop importante, un plan de lutte peut être étudié avec votre conseiller estivage. Dans certains cas, une demande de traitement à la barre peut être accordée par le canton pour limiter l’invasion.

 

Contacts et documentation utile

Pour des renseignements supplémentaires ou du conseil agricole personnalisé, vous pouvez contacter notre équipe dédiée aux thématiques de l'estivage 024 423 44 88 | proconseil@prometerre.ch.

Documentation:

*ACDF= Association pour le développement de la culture fourragère

 Lutte mécanique et pression de pâture pour limiter la propagation de l’aulne vert

Un projet de recherche et développement soutenu par le Canton, a démarré en ce début d’année pour identifier des procédés de lutte contre les vernes en estivage. Il sera réalisé par l’Association Alpine Tetrao Tetrix (AATT), en collaboration avec Proconseil et Agroscope. Il prévoit de faire une comparaison scientifique entre la lutte mécanique unique et la lutte mécanique combinée à la pâture du bétail (bovins, caprins).

 

L’aulne vert ou verne est connu pour refermer les pâturages, augmenter les risques de feux de forêt, émettre du nitrate ainsi que diminuer la biodiversité végétale et animale. 48'500 ha de la surface montagnarde suisse seraient embroussaillés par l’aulne vert et cette essence continue de s’étendre à une vitesse d’environ 1’000 ha par an. En 2014 l’aulne a, de plus, été identifiée comme émetteur de gaz à effet de serre (Gyzler, 2017).

Sur plusieurs alpages vaudois plutôt orientés vers le Nord, le développement de l’aulne vert est conséquent. Il est encore possible d’agir afin que les pâturages puissent être récupérés, pour autant que les vernes ne dépassent pas 3m de haut. En effet, les alpages à vernes demandent un entretien sans relâche.

Le projet de lutte contre l'aulne vert repose sur des essais de terrain, des réflexions menées en groupe de travail et des enquêtes auprès de différents acteurs pour trouver une solution viable pour le long terme. L’étude abordera plusieurs dimensions:

Vous êtes exploitant d’alpage? Vous avez envie de partager vos expériences personnelles au sujet de la lutte contre l’aulne vert et d’avancer sur des solutions de lutte? Voici le contact pour participer au groupe d’intérêt agricole du projet: 021 614 24 53 ou à m.tinguely(@)prometerre.ch.

 ©Massimiliano Probo, Agroscope

 

Pertinence des techniques de lutte contre l’aulne vert

Des tests en condition de terrain seront réalisés sur 3 alpages. Pour 2024 – 2026, il est prévu de suivre 4 protocoles qui alternent les interventions mécaniques et la mise en pâture de bétail (bovin ou caprin). Pour compléter les observations mensuelles des estivages et des animaux, l’analyse des aulnes comprendra la mesure de la couverture avec photo-interprétation des images satellites et des drones ainsi que le comptage des branches vivantes et mortes, écorcées, cassées, etc.

Les différents protocoles associant du bétail à la lutte mécanique ainsi que les expériences des agriculteurs permettront d’alimenter un guide de bonnes pratiques et l’outil DigiPlanAlp.

 

Possibilités organisationnelles et l’acceptation par les tenants d’alpages

Par rapport à un alpage qui lutte uniquement de manière mécanique, la présence de menu bétail implique plus de travail de surveillance, de soins et d’aménagement d’infrastructures (clôtures, eau, abri) mais aussi d’autres contraintes comme la limite de charge avec les pâquiers normaux (PN).

La mise au pâturage de petits ruminants est ainsi considérée par beaucoup comme un travail supplémentaire engendrant potentiellement plus d’inconvénients que de bénéfices. Ce ressenti s’est accentué depuis l’augmentation des attaques de grands prédateurs.

  

Dimension sociologique des mesures prises

Ce point sera évalué par l’AATT à l’aide de sondages, afin de mesurer la viabilité du bénévolat pour la pose de clôture, la coupe mécanique de vernes, etc.

Le résultat des enquêtes peut offrir de nouvelles perspectives aux solutions techniques et organisationnelles du projet.

 

Etude de la viabilité à long terme des solutions de l’essai

Une fois les pâturages défrichés, une forte pression de pâture est nécessaire pour empêcher un nouvel embuissonnement. La surface doit être pâturée durant plusieurs années pour épuiser les arbustes. Après 3 à 5 ans de pâture régulière, les réserves de l’aulnes sont épuisées et la plante meurt (Résultats enquête Agroscope; C. Pauler).

 

Pour en savoir plus sur l’aulne vert et les travaux précédemment menés:

  • DigiPlanAlp est un outil numérique qui a été développé par un partenariat entre Agridea, Agroscope, ADCF, FiBL, Alpe, IWMPRAISE et les cantons (Mettler et Gilgen, 2020). Ce site internet (patura-alpina.ch) comprend de premiers descriptifs sur les procédés existants pour lutter notamment contre l’aulne vert.
  • RobustAlps: projet d’études d’Agroscope sur l’impact de la pâture bovine sur la propagation de l’aulne vert,
  • Embroussaillement-par-les-aulnes-verts.pdf (agrocleantech.ch),
  • Gest Alpe décembre 2023: article technique sur les vernes.
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