07/04/2025

Prises de positions


Consultation sur le programme d’allègement budgétaire 2027

Dans le cadre de la consultation sur le programme d’allègement budgétaire 2027, Prométerre fait entendre la voix des familles paysannes du canton de Vaud. Si l’objectif d’un assainissement des finances publiques est compréhensible, il ne doit pas se faire au détriment des secteurs déjà fragilisés — au premier rang desquels l’agriculture.

Une coupe linéaire qui frappe un secteur déjà fragilisé

Alors que les dépenses globales de la Confédération ont augmenté de 40 milliards en vingt ans, celles en faveur de l’agriculture sont restées constantes. Dans ce contexte, Prométerre déplore une approche budgétaire qui touche de manière disproportionnée un secteur structurellement sous-rémunéré.

Les revenus du travail agricole restent nettement inférieurs à ceux des autres branches, et les coûts de production ne cessent de croître, entre exigences environnementales, renchérissement des intrants et pressions concurrentielles à l’importation. Pour Prométerre, alourdir encore les charges des exploitations ou reporter les financements sur les cantons reviendrait à fragiliser un peu plus un pilier essentiel de la souveraineté alimentaire suisse.

Promotion, élevage, contingents: les lignes rouges à ne pas franchir

Parmi les mesures proposées, plusieurs suscitent une vive inquiétude :

  • Réduction du soutien à la promotion des ventes agricoles (–10,5 millions): en pleine offensive des produits importés, cette coupe met en péril les efforts consentis pour valoriser les productions suisses, leur qualité et leur valeur ajoutée. Pour Prométerre, protection douanière et promotion doivent aller de pair et non se substituer l’une à l’autre.

  • Suppression des aides à l’élimination (–48,5 millions): essentielles pour assurer la traçabilité et la prévention des épizooties, ces aides participent à une gestion sanitaire rigoureuse du bétail. Leur disparition affaiblirait un dispositif reconnu pour son efficacité.

  • Suppression des aides à la production animale (–4,9 millions): qu’il s’agisse de la laine, du lait ou des œufs, ces aides stabilisent les marchés et évitent des pertes économiques majeures pour les exploitants en cas de déséquilibre entre l’offre et la demande.

  • Augmentation des mises aux enchères de contingents tarifaires (+127 millions): cette mesure encouragerait la spéculation au détriment des producteurs suisses. L’abandon du lien entre importations et production indigène fragiliserait les marchés publics de bétail et, à terme, l’ensemble de la chaîne de valeur.

  • Réduction des contributions à la qualité du paysage (–65 millions): ces soutiens reconnaissent les services écosystémiques fournis par les familles paysannes. Les couper reviendrait à remettre en question une politique pourtant saluée pour son impact en matière de biodiversité et de climat.

Des coupes budgétaires qui dépassent le seul périmètre agricole

Prométerre s’oppose aussi à d’autres mesures touchant indirectement le tissu agricole et rural:

  • Augmentation des frais pour les hautes écoles cantonales et suppression de projets de recherche appliquée: ces établissements forment la relève agronomique, œnologique ou agroalimentaire. Toute restriction d’accès ou de financement menace l’innovation et la formation de demain.

  • Réduction de l’aide à la presse régionale et associative: en Suisse romande, la presse agricole est un relais crucial de l’information professionnelle. La fragiliser, c’est affaiblir la transmission des savoirs, des pratiques et des politiques publiques dans les territoires.

  • Abandon d’apports supplémentaires à la politique régionale et au Fonds suisse pour le paysage: ces dispositifs soutiennent des projets structurants pour l’économie locale, la valorisation des paysages et la vie en milieu rural.

Une autre voie est possible

Prométerre appelle le Conseil fédéral à reconsidérer plusieurs mesures du programme d’allègement budgétaire 2027, en particulier celles qui touchent directement au revenu des familles paysannes ou au soutien aux régions rurales. Ces économies, si elles sont mises en œuvre telles quelles, pourraient affaiblir des équilibres agricoles déjà précaires, réduire la capacité d’investissement des exploitations et compromettre des politiques publiques pourtant efficaces.

L’agriculture mérite une vision à long terme, pas une austérité à courte vue.

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