09/11/2022

Prométerre

Politique agricole et votations Politique agricole Points forts


Initiative élevage: «Nous avons bossé et ça a payé!»

Élu à la vice-présidence de Prométerre le 7 septembre dernier, Christophe Longchamp est président de Swiss Beef Romandie. Très engagé dans la défense professionnelle et dans la campagne contre l’initiative dite «sur l’élevage intensif», l’agriculteur de Chavannes-le-Veyron nous donne son avis sur la campagne qui vient de se terminer ainsi que sur les futurs défis politiques qui attendent le monde agricole.

Propos recueillis par Alexandre Truffer, Prométerre

Quel est votre sentiment après ce résultat?

Je dirais qu’à cet instant (l’entretien a été enregistré dans la Maison du Paysan alors que les résultats définitifs du canton de Vaud venaient de tomber), je suis joyeux, voire même euphorique. On voit que la population vaudoise, et suisse, a confiance en ce que nous faisons. Nous devons continuer à expliquer la réalité de notre travail. Il faut aussi, voire surtout, éviter d’instiller le doute dans la tête des gens en employant des publicités idylliques utilisées par la grande distribution. L’image d’Heidi qui roule sa boille de lait dans son alpage ne correspond en rien à la réalité. Cela a pu exister, mais ce n’est plus le cas depuis longtemps.

Quels sont les point forts et points faibles de la campagne menée par l’USP et Prométerre?

Le choix des émojis pour illustrer la campagne a été beaucoup critiqué. Pour ma part, j’ai toujours considéré que c’était une bonne décision. Je trouve qu’ils sont dans l’air du temps et qu’ils sont suffisamment adaptables pour faire passer les différents messages que nous avions à transmettre. Au final, cette option a payé. En ce qui concerne la collaboration entre les groupes régionaux, baptisés task forces, et Prométerre, tout s’est bien déroulé. Le matériel a été rapidement distribué et chaque fois que nous avons eu des questions, celles-ci ont très vite trouvé des réponses.

Mobiliser le monde agricole a été plus difficile que lors des initiatives phytos. Pensez-vous que cela devienne un problème pour de futures votations?

La campagne de l’an passé a duré longtemps. Le monde agricole était fortement mobilisé. Même des gens que l’on ne voit jamais dans les assemblées s’étaient investis dans cette bataille politique. 2022 a été une année compliquée, et ce, à tous les niveaux. Cette accumulation de problèmes n’incite pas à prendre du temps pour aller trouver les gens ou les convaincre sur les marchés. À la différence de la votation du 13 juin 2021, l’initiative sur l’élevage a eu lieu après la saison des moissons. Beaucoup étaient fatigués et avaient besoin de prendre des vacances pour récupérer. Tous ces éléments se sont rajoutés à un contexte général très défavorable. Il me semble que les résultats obtenus sont de nature à motiver le monde agricole à se mobiliser fortement lors des prochaines votations qui nous toucheront. Nous pouvons dire: «nous avons bossé en 2021, nous avons bossé en 2022 et dans les deux cas, ça a payé!». Ces deux textes n’étaient de loin pas facile à contrer et nous avons gagné les deux votations à plus de 60%. Je suis de naturel optimiste et je pense que les agricultrices et agriculteurs se mobiliseront. Toutefois, s’il le faut, je peux aller expliquer ce que nous avons fait avec les tasks forces, que ce soit sur les marchés ou ailleurs, et comment ces efforts ont permis au canton de Vaud, pourtant relativement urbain, de voter «mieux» que la moyenne suisse.

Comment jugez-vous le regard porté par les médias sur l’agriculture durant cette votation?

Il y a bien sûr eu des articles plutôt biaisés. Cependant, dans l’ensemble, j’ai trouvé que les journalistes étaient mieux disposés par rapport à l’agriculture que ce qu’on pouvait craindre. Si l’on compare avec la situation qui a prévalu lors de la campagne «phytos», il y a une nette amélioration. Il m’a même semblé que dans certains débats, notamment télévisés, des journalistes faisaient preuve d’une certaine bienveillance à notre égard.

Y a-t-il un aspect particulier qui vous a marqué durant cette campagne?

J’ai été frappé par l’excellente ambiance qui a régné dans notre task force. Les échanges étaient instructifs, les gens motivés, c’était un vrai plaisir de collaborer dans cette atmosphère. Nous avions avec nous deux femmes d’agriculteurs, dont une qui ne venait pas du tout du monde agricole, qui nous ont bien «boostés». Elles avaient une énergie communicative qui a eu une influence très positive sur l’entier du groupe. Nous avons organisé un souper de remerciement ce soir et prévoyons de leur exprimer toute notre gratitude pour tout ce qu’elles ont amené.

Vous venez d’être élu vice-président de Prométerre. Comment avec vous vécu cette nomination?

Je suis membre du comité depuis 2015. Lorsque Lorella Pfirter a annoncé qu’elle arrêtait, en décembre passé, je me suis dit que c’était un poste qui me plairait beaucoup. J’ai commencé à cogiter, puis à en discuter avec mes proches qui m’ont soutenu. Je suis conscient que c’est un joli défi et qu’il ne sera pas facile à relever. Il y aura sans doute des coups de bâton à prendre, mais aussi des moments inoubliables, lors de victoires dans des votations populaires notamment. Le processus de sélection a été éprouvant, mais je suis heureux d’avoir été choisi et les retours que j’ai eu sont plutôt encourageants. J’espère donc que mon engagement aura un impact positif pour l’agriculture vaudoise.

Article paru dans le Prométerre MAG no 16 d'octobre 2022

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