15/01/2025
Politique agricole et votations Filières et marchés agricoles Prestations Produits du terroir Vie de la terre Points forts
Lancée par les Jeunes Vert-e-s suisses et soutenue par une coalition d’acteurs proches des milieux de l’environnement ce texte demande une réduction de l’empreinte environnementale de la Suisse en introduisant les seuils planétaires comme cadre de référence. Si l’initiative était acceptée, la Confédération et les cantons disposeraient de dix ans pour que la Suisse ne dépasse plus les limites planétaires pour les six domaines suivants: changement climatique, perte de biodiversité, consommation de l’eau, utilisation du sol, apports d’azote et apports de phosphore.
Comme le rappelle Markus Rufer, directeur de l’Union suisse des paysans: «Concrètement, cet impact devrait diminuer de deux tiers en l’espace de dix ans. […]! Même une transformation complète de l’habitat, de la mobilité, de la consommation en général et de l’agriculture ne permettrait pas d’atteindre l’objectif visé. […]. Une acceptation de cette initiative et donc le respect de ses exigences nous ramèneraient pour ainsi dire à l’Âge de pierre. Si l’initiative était acceptée, il ne serait plus possible de prendre l’avion. En lieu et place de voitures privées, il n’y aurait plus que quelques taxis électriques. Il faudrait à nouveau se nourrir au mieux de bouillie d’avoine avec quelques légumes. De manière générale, la consommation se limiterait au minimum vital.»
Le concept des «limites planétaires», souvent mieux connu sous le nom de «théorie du donut», peut paraître à première vue une réponse sensée à un problème réel. Les résultats offerts par les graphiques consultables en ligne montrent malheureusement que seuls des pays à la pauvreté chronique, en situation de guerre civile ou vivant en situation de quasi-autarcie pour cause de sanctions internationales sont vertueux selon les normes des Jeunes Vert-e-s. Afin d’atteindre cet objectif, il serait nécessaire – en prenant des mesures «socialement acceptables» selon le vocable des initiants – de diviser production et consommation par un facteur 2,5. Hausse des prix vertigineuse, mobilité strictement limitée, régime alimentaire frugal imposé, explosion du chômage, délocalisation des entreprises ne sont que les plus évidentes des répercussions de l’application de ce texte.
Directement visée, l’agriculture verrait s’imposer des restrictions que le peuple a largement refusé lors des précédentes initiatives «extrêmes». L’analyse des organisations paysannes montre que les conséquences pour les agricultrices et les agriculteurs suisses seraient dévastatrices. Elles engendreraient notamment:
Prométerre, comme l’Union suisse des paysans, et la quasi-totalité des organisations professionnelles s’oppose à ce texte et recommande à ses membres de refuser fermement une initiative auquel ni le Conseil fédéral, ni les chambres du Parlement n’ont voulu opposer de contre-projet. Si les sondages préliminaires montrent déjà une opposition massive de la population à cette initiative, l’Association vaudoise de promotion des métiers de la terre rappelle que seuls les votes exprimés comptent. Encore une fois, il est important que les familles paysannes se mobilisent afin que ce texte soit rejeté avec la plus large majorité possible. Une large défaite réfrènera peut-être les ardeurs des activistes qui s’offrent une visibilité médiatique en ciblant l’agriculture nourricière suisse. À l’inverse, une victoire serrée donnerait des ailes à ceux qui s’attellent à transformer les initiatives extrêmes en culture annuelle.