© E.Lemaitre, Proconseil

Météo des prés

Conduite de l'exploitation


Documents utiles

Personne(s) de contact:

LEMAITRE Eliane
Proconseil Sàrl - Conseillère agricole, production fourragère, prairies et herbages, projet RISC
Yverdon-les-Bains
Tél. 021 614 44 88

CAUDA Nicolás
Proconseil Sàrl - Conseiller agricole bio, projet RISC, diagnostics carbone
Moudon
Tél. 021 905 95 50

Elaborée à partir de relevés agricoles sur prairies, cette page propose un état des lieux saisonnier, des critères de décision et des conseils pour l’entretien des pâturages, afin de maintenir la santé et la productivité des et surfaces herbagères et fourragères, dès la reprise de la pousse.

 

Commentaires de la semaine 15.04 -24.04

La pousse de l’herbe a bien augmenté cette semaine, avec 68.5 kgMS/ha/jour à Yvonand (450 m). Cela s’explique par les précipitations du week-end précédent et les températures assez élevées. Pour les jours à venir, la croissance devrait continuer, avec des températures stables annoncées.

Points d’importance à retenir (infos approfondies ci-dessous)

Somme de températures

La somme de températures (quantité de chaleur cumulée) est utilisée pour donner des repères afin de dater les stades clefs de la pousse de la prairie.

Dans les zones les plus précoces, le début d’épiaison des graminées les plus précoces se profile, les premières fauches débuteront dans les prochains jours.

Explications : Calendrier fourrager

 

Suivi de la pousse de l'herbe

À la suite des premières mesures d’herbe de l’année en cours, on constate qu’on se trouve bien au-dessous par rapport à l’année 24 (démarrage de l’herbe précoce).

Le tableur « Météo des prés » vous aide à calculer la part complémentaire à la pâture en fonction de votre troupeau et des surfaces à disposition (une version est également disponible pour les vaches allaitantes).

 

Cas exemple de la ferme à Yvonand (450 m) :

Pour notre ferme exemple, voici 3 indicateurs importants pour la gestion des pâturages.

La quantité d’herbe disponible est la masse de fourrage utilisable à un moment donnée. Formule : Herbe disponible = (hauteur mesurée – hauteur de sortie ciblée) x densité de l’herbe

Jours de réserve nombre de journées de pâture permises par la quantité d’herbe disponible. Formule : Jours de réserve : herbe disponible / ingestions journalière d’herbe

Faut-il s'intéresser à la hauteur de l'herbe au pâturage ?

Une gestion de la pâture qui vise à augmenter l’efficience d’utilisation au détriment des refus et des pertes de qualité, contribue à optimiser la surface à disposition ainsi qu’à l’autonomie fourragère de la ferme.

 

Êtes-vous prêts à augmenter l’efficience d’utilisation en mesurant l’herbe ? 

L’équipe production fourragère de Proconseil met à votre disposition un fichier Excel  Tableur pour le suivi de la pousse d'herbe, facile d’utilisation qui vous donne une synthèse de la semaine, ainsi qu’une aide à la décision.

Marche à suivre:

  • ouvrir le lien ci-dessus, télécharger le fichier 
  • activer la modification de votre Excel
  • on est bon pour l’utiliser !

Sa correcte utilisation consiste à compléter uniquement les caisses jaunes qui vous concernent.

Compléter :

  • informations sur le troupeau
  • instrument utilisé pour la mesure et hauteurs objectives
  • gestion de l’affourragement à crèche (quantités fixes ou adaptées à la pousse)
  • parcs avec surface, durée estimée d’occupation, caractéristiques du gazon
  • chaque semaine : unités mesurées et actions de la dernière semaine

Synthèse :

  • mise à jour du graphique
  • appréciation des données essentielles de la semaine
  • considération des actions à prendre proposées
  • suivi de la pousse de l’herbe

 

Pourquoi est-il conseillé de se tenir à une hauteur d’entrée et de sortie ?

Hauteur d’entrée. Respecter une hauteur maximale de 15 cm pour :

  • Pâturer dans la zone de production de biomasse maximale (2.5-3 feuilles). Une utilisation trop tardive ou trop précoce, hors de l’optimum de croissance, va pénaliser le potentiel taux de croissance de la prairie à cause d’une senescence excessive ou d’une capture de lumière limitée (vois graphiques ci-dessous).

  • Ne pas pénaliser la repousse ! A partir du stade 2.5-3 feuilles, les réserves de la plante sont restaurées. Néanmoins, une pâture trop précoce avant ce stade pénalise l’accumulation de réserves dans la biomasse racinaire (augmentation de la sensibilité au stress hydrique). D’où le besoin de laisser reposer la prairie avant une nouvelle pâture.
  • Offrir une herbe jeune de très bonne qualité : une relation directe se présente entre la hauteur de l’herbe (stade) et sa valeur nutritive (énergie et protéine), ce qui maximise l’ingestion et la performance animale et fait du bien au portemonnaie. C’est surtout au printemps qu’on risque de se faire dépasser !
  • Au-delà de 18 cm, les pertes par les refus augmentent et il est préférable d’exclure la parcelle du tournus de pâture afin de la faucher et de revenir dessus seulement au prochain tour.
  • Du moment qu’on respecte une hauteur de réentrée aux parcs, on respecte aussi une durée de repos suffisamment longue.

 

Hauteur de sortie. Respecter une hauteur minimale de 4-5 cm (hauteur du talon), soit 7-9 cm dans les conditions de sécheresse estivale, pour :

  • Assurer une bonne repousse. La hauteur de sortie est aussi importante que le temps de repos pour le succès de la prochaine repousse.

Maximiser l’utilisation (récolte) de l’herbe : une hauteur de sortie trop élevée pénalise la production nette des feuilles (croissance - mort des feuilles) et réduit la digestibilité des pâturages (plus grande proportion de gaines) lors de la prochaine mise à l'herbe, ce qui aura un impact sur les performances des animaux (vois graphiques ci-dessous).

En période de pâture, on peut considérer que la hauteur de sortie correspond au mois de l’année :

Avril

Mai

Juin

Juillet

Août

4 cm

5 cm

6 cm

7 cm

8 cm

Des résultats concrets en Suisse romande

Après cinq ans d’essais ou les hauteurs d’entrée et de sortie ont été suivies et respectées, l’équipe de Grangeneuve (FR) a montré une réduction de la surface de pâturage nécessaire à production laitière équivalente. Si la ferme a comme objectif d’améliorer l’autonomie fourragère, cette optimisation de surfaces fait partie de la solution.

Mais pâturer dans des conditions humides, est-ce toujours possible ?

Points d’attention :

  • Sortir les vaches avec appétit : limiter l’affouragement à crèche après la traite (si pâture matinale)
  • Des fourrages très encombrants peuvent rapidement saturer le rumen et diminuer l’ingestion
  • Sortir les vaches seulement quelques heures : arrêter la pâture dès qu’elles ont fini de brouter (ou si elles comment à trop piétiner)
  • Viser les parcs plus secs, avec un gazon dense et de préférence ceux qui seront bientôt renouvelés
  • Si possible préparez un point d’entrée et un point de sortie pour éviter un piétinement trop important
  • Si quelques jours sans pâturage surviennent, laissez les vaches sortir dès que possible !

Vous pouvez aller écouter notre podcast Podconseil sur la gestion du pâturage en conditions humides en scannant le QR code suivant :

  

 Gestion des refus

Même si la présence de refus après pâture peut être tolérée, un excès de refus va se traduire par une diminution de la qualité de l’herbe, une moins bonne consommation à la prochaine pâture et peut favoriser les mauvaises herbes.

Mesures possibles :

  • Maitriser le chargement : équilibre entre les besoins des animaux et l’offre.
  • Pâture mixte : faire pâturer les refus avec des animaux moins exigeants (génisses, vaches taries)
  • Alternance fauche/pâture. Cela permet de contrôler la majorité des adventices et de maintenir une composition « équilibrée ». Cette technique nécessite toutefois de plus grandes surfaces de pâture par rapport aux besoins des animaux.
  • Fauche des refus s’il y en a trop à 7-9 cm, sans éclateur pour éviter la souillure du fourrage. A récolter plutôt en sec qu’en ensilage (fermentation butyrique).
  • Broyage localisé ou systémique lorsque la hauteur d’herbe est faible. Technique couteuse en temps et en argent. Evaluer sa pertinence. Broyage à faire plutôt ponctuellement ou sur des zones de « plantes à problèmes » pour éviter une perte de biomasse et une repousse moins bien consommée.
  • Topping : la technique du topping, qui consiste à faucher l’herbe juste avant l’entrée des vaches dans la parcelle à pâturer, ce qui permet de faire consommer certaines zones de refus. Pour cela il faut également des conditions chaudes, sèches et une coupe sans éclateur. La repousse est ainsi favorisée pour le tour suivant.
  • Mais attention au broyage des refus sans récolte si un temps sec s’approche, car même les « refus » sont précieux.

Une gestion mécanique par fauche ou broyage doit se faire juste après le passage des animaux pour ne pas abimer les feuilles ayant déjà repoussées.

 

Minéraux

L’herbe est riche en phosphore et calcium, mais pauvre en certains oligo-éléments. Lors de la mise à l’herbe, ne pas négliger les apports de sel, magnésium, sélénium et iode. Pensez de mettre à disposition un bloc à lécher et veillez à ce que tous les animaux en consomment suffisamment. 

Points sur les méteils

Pas d’inquiétude au printemps si le méteil ne couvre pas totalement bien le sol, la biomasse évolue très vite au printemps, tant que les légumineuses sont bien présentes. Un intervalle de deux semaines sépare les deux photos prises sur la même parcelle. On observe ainsi qu’au printemps, la biomasse connaît une forte croissance, donnant lieu à un méteil dense et bien développé

Sous-semis dans les céréales

Le sous-semis de mélanges fourragers dans les céréales présente de nombreux avantages, mais sa réussite dépend du choix des espèces, de la concurrence faite par la céréale et des conditions de mise en place. Idéalement réalisé lors du dernier passage de la herse étrille (autour d’épis 1cm), il favorise une bonne implantation grâce à l’humidité printanière. Les céréales de faible concurrence, qui étoufferont moins le sous-semis sont à privilégier, ainsi que les mélanges fourragers « longe durée » (si possible limité en ray-grass) qui feront moins de concurrence à la céréale. Le choix du mélange dépend des objectifs : tandis qu’un mélange riche en légumineuses (trèfle blanc, trèfle violet) peut être semé à la volée, un équilibre entre graminées et légumineuses garantit un bon fourrage mais l’implantation de graminées est plus délicate à la volée. Un roulage après sous-semis améliore la germination et la levée du mélange.

 

Fumure soufrée dans les prairies

Sur les prairies intensives et au sol superficiel, l’apport de soufre peut être raisonné à l’aide de la fiche technique 5.8.1 « Fumure soufrée dans les prairies ».

Quelle parcelle a besoin de soufre ?

L’apport de soufre se fait en fonction de la matière organique, de l’argile du sol, de la pierrosité, de la profondeur utile du sol, des précipitations d’octobre à mars, des engrais de ferme sur la parcelle et de la différence de fumure azotée par rapport à la dose prévue. Il peut être nécessaire notamment pour les deuxièmes coupes et peut se faire avantageusement sous forme de sulfate d’ammoniaque, sulfate de Mg, kiesérite ou gypse.

L’apport de soufre directement dans la fosse à lisier est déconseillé car il est plus onéreux, moins ciblé et augmente les odeurs lors de l’épandage (dégagement de H2S).

 

Conseil approfondi et formation continue

Nicolás Cauda et Eliane Lemaitre, conseillers agricoles chez Proconseil répondent à vos questions techniques à 021 905 95 50, n.cauda(@)prometerre.ch | 024 423 44 88, e.lemaitre(@)prometerre.ch .

Les dernières actualités sur les herbages vaudois, délivrées par Eliane Lemaitre, sont également publiées dans le bulletin d'information «Grandes cultures et herbages». Pour recevoir le bulletin de la station de protection des plantes dès sa sortie hebdomadaire, inscrivez-vous en envoyant votre adresse électronique ici. Ce service est gratuit.


Documents utiles

créé par WGR