23/02/2021
Sur cette page, nous vous partageons les réponses aux questions posées pendant l'évènement.
A/ Y a-t-il eu des résultats positifs avec des huiles essentielles, comme l’origan ou la citronnelle?
B/ Même question avec un extrait fermenté de fougère?
C/ Peut-on planter du pyrèthre de Dalmatie?
A/ Les huiles d’origan ou de citronnelle ont été testées en France en 2015 et 2016 et toujours en association avec des traitements préalables aux pyréthrines naturelles.
Ces traitements ont eu une certaine efficacité sur des populations faibles du vecteur. Malheureusement, il n’est pas possible d’attribuer ce succès relatif aux seules huiles essentielles (pas de variantes huiles essentielles sans pyréthrines). L’efficacité est-elle due aux pyréthrines ou aux huiles? Je penche plutôt pour la première hypothèse au vu de l’expérience que nous avons avec ce type de produit. Depuis ces essais, aucune donnée n’est venue confirmer ces observations à ma connaissance.
B/ Au niveau des autres alternatives biologiques, des travaux italiens récents ont montré l’inefficacité de l’huile d’orange (Pre-Vam) appliquée seule contre Scaphoideus titanus dans trois essais de plein champ. Le purin de fougère a également été testé sans succès en France. Agroscope a testé le kaolin de 2018 à 2020 dans une série de 16 essais. Les résultats sont cependant trop aléatoires pour garantir une lutte efficace contre le vecteur. Cette étude fera l’objet d’une prochaine publication dans la Revue suisse de viticulture, arboriculture et horticulture (courant 2021). Dans le cadre de nos recherches de solutions alternatives, nous allons poursuivre nos essais de produits biologiques. Malheureusement à ce jour, peu de produits commerciaux sont disponibles sur le marché et utilisables en viticulture. Pour limiter le développement de la maladie et de son vecteur dans le vignoble, des taux d’efficacité suffisants doivent être obtenus, et il n’est pas possible de se contenter d’efficacités partielles dans le cadre d’une lutte obligatoire qui vise l’éradication de la maladie. A ce jour, en Europe, le pyrèthre reste donc le pilier de la lutte contre la cicadelle en viticulture biologique. En Suisse, les recommandations portent sur 2 applications de pyrèthre pendant 2 ans dans les nouveaux périmètres de lutte, puis le recours à 1 seul traitement si la lutte doit se poursuivre. Cette stratégie vise à limiter au maximum les impacts potentiels du pyrèthre sur la faune auxiliaire (rappel, le pyrèthre est classé N pour les typhlodromes). Généralement les pays voisins appliquent 3 traitements.
C/ Au niveau de la culture du pyrèthre de Dalmatie, rien ne l’interdit. Il faut cependant être conscient que préparer une mixture maison ne vous garantira pas d’obtenir un taux de pyrèthre suffisant pour être efficace contre le ravageur. Le dosage appliqué sera aléatoire et potentiellement plus impactant qu’une spécialité commerciale qui de plus contient également de l’huile de sésame destinée à stabiliser la préparation (protection contre les UV notamment). Il se poserait également certainement la question de la légalité et de la sécurité pour l’utilisateur et le consommateur de l’application de telles préparations maison qui ne figurent pas sur la liste des substances de bases de l’OFAG. En résumé, si la culture du pyrèthre est possible, elle devrait être réservée à des buts ornementaux plutôt que phytosanitaires!
A/ La vinification que vous avez faites avec des grappes entières est-elle comparable à une macération semi-carbonique pratiquée avec le Gamay dans le beaujolais?
B/ Y a-t-il eu une fermentation enzymatique en présence de CO2 sur les grappes entières? Il semblerait que la proportion de grappes entières pour ce type de fermentation, dans le beaujolais, est beaucoup plus importante et que les rafles ne posent pas de problème de goût herbacé.
C/ Peut-on envisager l'utilisation de grappes entières sur d’autres cépages que le Gamay, tels que le Pinot Noir? le Merlot? ou le Garanoir?
A/ Nous n’avons pas cherché à effectuer de macération carbonique mais il se peut, en effet, que le phénomène ait pu avoir lieu à certains endroits de la cuve; les pigeages ayant été effectués de manière assez douce, préservant ainsi l’intégrité de certaines baies.
B/ Utiliser une vendange entière pour effectuer une macération carbonique est recommandé; car dans ce sens vous respectez l’intégrité des baies et permettez une fermentation intra-cellulaire. Par la suite, si vous évitez d'abimer les rafles par des pigeages intempestifs, vous pouvez éviter les goûts herbacés. De même, il faut bien maitriser le pressurage. Tout cela peut être modulé en fonction de la maturité de la rafle.
C/ Tout est à envisager. De nombreux vignerons s’y sont essayés. Notre étude a cependant montré qu'il y avait une spécifité des cépages au niveau des rafles (maturité/ lignication plus ou moins rapides). Pour des essais préliminaires, il serait judicieux de commencer avec 20-30% de vendange entière avec le système « mille-feuille » et de se mettre en condition pour effectuer une semi carbonique (CO2 issu du jus en fond de cuve, provenant des raisins tassés). Veillez toujours à bien maitriser ces macérations, qui peuvent être rapidement affectées notamment par des levures oxydatives.